LA PSYCHOLOGIE POSITIVE – MARIELLE JIMENEZ

Introduction

Il existe une anecdote qui illustre la naissance de la psychologie positive dans l’esprit d’un chercheur américain en psychologie, Martin Seligman.
Il était dans un avion, et discutait avec un chef d’entreprise. Martin Seligman expliquait qu’il menait des recherches en psychologie sur le thème de l’impuissance comme facteur majeur de la dépression. Le chef d’entreprise reliait ce thème à son vécu, les employés de son entreprise, leur motivation,leur optimisme et donc leur créativité, vecteur de réussite de l’entreprise. Ce dernier demanda à Martin Seligman pourquoi il n’étudiait qu’un aspect des choses, l’aspect négatif, alors qu’il y a deux faces à chaque chose, le négatif et aussi le positif.

Martin Seligman explique qu’il a eu une prise de conscience et de là, est née la psychologie positive. Il décide d’étudier le bien être, l’optimisme, la motivation, face positive des troubles psychologiques.
Jusqu’à présent, la psychologie traditionnelle s’intéresse à aider les personnes qui vont mal à aller bien en explorant les difficultés et problèmes rencontrés d’une manière générale avec différentes techniques.

La Psychologie Positive s’intéresse à aider les personnes à aller toujours mieux qu’elles aillent bien ou mal au départ.

Définition de l’école de psychologie positive américaine

La psychologie positive est une école de pensée proche des thèmes de la psychologie humaniste et une spécialité de la psychologie orientée vers le développement personnel et le changement social.

Le psychologue Martin E.P. Seligman de l’université de Pennsylvanie,président de l’American Psychological Association en 1998, créateur du Positive Psychology Center dirige cet organisme sans but lucratif. Il étudie le bonheur et toute expérience subjective positive.
Le premier congrès de la science du bonheur s’est tenu à Washington en 2006
Le courant de la psychologie positive considère simplement qu’à côté des multiples problèmes et dysfonctionnements individuels et collectifs s’exprime et se développe toute une vie riche de sens et de potentialités. Elle est donc une partie intégrante de la psychologie clinique, laquelle traite des processus normaux et pathologiques.
En se préoccupant de ce qui arrime l’individu à sa vie et au monde, elle aborde souvent des questions philosophiques, notamment le sens de la vie ou le système de croyances,et même de philosophie morale en soulignant l’intérêt de l’engagement, ou de l’activité (le flow de Mihaly Csikszentmihalyi).

Pour le Positive Psychology Center, les vertus et forces morales mises en avant sont :
amour et travail, courage, compassion, résilience, créativité,curiosité, intégrité, connaissance de soi, modération, contrôle de soi, sagesse [2].

Les valeurs collectives et idéaux sociaux sont :
justice, responsabilité,civisme, parentalité, soutien, éthique professionnelle, leadership, espritd’équipe au travail, projet et tolérance [3].

La psychologie positive porte sur des thèmes traditionnels comme ceux de la connaissance de soi, de la spiritualité ou plus simplement de l’attention aux motivations ou à l’estime de soi. Elle présente aussi des affinités avec les psychothérapies, dont notamment les psychothérapies cognitivo-comportementales, auxquelles se rattachent des techniques telles que la gestion des émotions et la logothérapie (thérapie par le sens).
Christophe Petterson s’est attaché dans ce cadre, autour des années 2000, aux aspects positifs et dynamiques du caractère ou de la personnalité,et, ne retenant que les plus universels regroupés autour de six vertus, a conçu un questionnaire pour en mesurer l’intensité : questionnaire Valeurs InActions, le VIA-IS composé de 240 items, soit 10 pour chacune des 24 forces identifiées et retenues. Ce test est accessible pour tous et sa passation est gratuite.
La psychologie positive se diffuse rapidement dans le monde universitaire. Déjà,en 2005, plus de cinquante groupes de recherche impliquant plus de 150 universitaires dans diverses régions du monde s’intéressaient à ces thématiques. Plusieurs dizaines d’universités américaines et européennes dispensent des cours sur la psychologie positive [4].
Trois niveaux d’étude de l’être humain : personnel, interpersonnel et social.
La psychologie positive ne prend pas seulement en compte la personne humaine en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’être en relation avec les autres, inséré dans un tissu social. Elle concerne donc également les relations interpersonnelles et les questions sociales, voire politiques. Ainsi, la psychologie positive peut tout aussi bien concerner l’épanouissement des élèves d’un collège, les bonnes relations au sein d’une équipe de travail ou encore le mode de communication entre diplomates élaborant un traité de paix.

La pratique d’une psychologue positive
Par exemple, dans ma pratique de psychologue, un chef d’entreprise m’a demandé d’intervenir auprès de l’ensemble des membres de l’entreprise dans le but d’apporter plus d’harmonie de manière générale. Concrètement, j’ai défini un protocole d’entretiens individuels identique pour tous, d’une durée d’une heure, dans un local de l’entreprise. J’ai posé à tous, les deux mêmes questions et j’ai noté l’ensemble des réponses.
Elles étaient les suivantes :
-qu’est-ce qui se passe bien dans l’entreprise ?
-qu’est-ce qui peut être amélioré ?
Après avoir recueilli l’ensemble des informations, j’en ai fait un compte rendu auchef d’entreprise en respectant l’anonymat des propos. Il a eu la satisfaction d’avoir une photographie psychologique de son entreprise. Des axes de travail ont été choisis et des propositions positives ont été faites aux employés sous forme de formations, groupes de travail etc. Une dynamique de résolution de problèmes a pris le pas sur la tendance aux critiques et plaintes diverses. La majorité a adhéré à cette attitude positive et l’évolution positive se poursuit, même plusieurs années après cette intervention.
Auprès des enfants ou des adultes, les consultations en psychologie positive ne ressemblent pas à ce que nous avons l’habitude de voir dans les films de Woody Allen. Les personnes me consultent parce que quelque chose les fait souffrir en général, ils sont malheureux ou n’arrivent pas à être ou faire ce qu’ils souhaitent. Lors de la première consultation afin d’établir un diagnostic clair, j’écoute tout ce que la personne a à dire, lui demandant de préciser ce que je ne comprends pas, d’organiser son discours, ses émotions et ses comportements. Lorsqu’enfin, une image claire apparait, je verbalise cette image et la propose à mon consultant. Ensemble, nous affinons cette base de travail et je demande à la personne :
« si maintenant, vous aviez une baguette magique, si tout était possible qu’est-ce que vous changeriez dans votre vie ? »
A partir de la réponse, la plus détaillée possible, nous commençons à travailler en terme positif. Trouver les ressources intérieures pour réaliser cette solution devient l’objectif essentiel de la psychothérapie.
Ceci ne fonctionne pas avec les jeunes enfants ou les personnes trop dépressives.
En ce qui concerne les enfants, je propose des techniques où nous inventons ensemble des contes et faisons le travail psychothérapeutique de recherches et d’éveil des ressources intérieures au travers de personnages imaginaires.
Pour les personnes qui présentent des symptômes dépressifs importants, je leur fait remarquer que s’ils consultent une psychologue, il y a une partie d’eux qui porte des espoirs et des envies. Nous allons ensemble à la recherche des attitudes ou des comportements qui portent cette envie de vivre.

La psychologie positive nous ouvre sur le monde.

La psychologie positive, de part sa nature enthousiaste et positive va à la rencontrede courants spirituels comme les sagesses des peuples premiers dont le chamanisme fait partie, le bouddhisme, la sagesse hindoue et toutes les techniques de bien être, spirituelles, religieuses ou profanes.
Le danger serait de confondre un cheminement spirituel de plusieurs années et des techniques de psychothérapie de quelques heures. N’empêche que la psychologie positive, comme d’autres techniques de développement personnel, permet d’explorer de manière accessible des domaines jusqu’à présent, réservés à des initiés.
Contrairementà d’autres courants de psychologie, la psychologie positive ne craint pas de s’ouvrir à d’autres domaines, d’en tirer des outils et de garder une attitude expérimentale et scientifique.

Quelques approches de la psychologie positive.

– La psychologie du bonheur par Katia Mayrand , journaliste, Montréal, Canada
La thèse développée est qu’il est possible de déconditionner son cerveau pour le reconditionner au bonheur, si besoin est. Toute l’attention est portée sur ce qui va bien, ce qui se passe bien, ce qui fait plaisir etc.
Lesconseils de vie donnés sont :

Soyez gentil.

Profitez des petits bonheurs de la vie.

Ayez un mentor.

Apprenez à pardonner.

Investissez temps et énergie dans la famille et les amis.

Prenez soin de votre corps et de votre santé.

Développez des stratégies pour faire face au stress et aux difficultés.

– Martin Seligman a développé des exercices simples et efficaces pour améliorer le bien-être de chacun Sources «The Science of Happiness», Harvard Magazine
L’un d’eux consiste à tenir un journal de gratitude dans lequel vous écrivez, chaque soir, trois choses positives qui vous sont arrivées au cours de la journée et de quelle façon vous y avaient contribué.
Ensuite,vous pouvez pratiquer l’exercice de gratitude et remercier d’une manière générale vous-mêmes, la vie, vos parents, amis ou ennemis pour tout ce qu’ils vous apportent. Vous pouvez le faire de manière intérieure ou écrire des lettres de gratitude et les donner aux personnes concernées. Ceci améliore grandement votre sentiment de bien être.
Enfin, vous pouvez décider d’une action altruiste, gratuite à l’encontre de quelqu’un,faire preuve de gentillesse dans la vie de tous les jours et surtout, observez les changements qui résultent de vos nouvelles attitudes.

– L’Apprentissagedu bonheur de Tal BEN-SHAHAR
Janvier 2008 Belfond Etranger
Tal BEN-SHAHAR est docteur en philosophie dans la prestigieuse université d’Harvard aux Etats-Unis, ses cours sont parmi les plus suivis et avec un taux de satisfaction incroyable. Qu’enseigne-t-il pour attirer autant d’étudiants ? Il enseigne la science du bonheur ! Et ses enseignements sont simples, compréhensibles par tous et il invente des images pour nous faire comprendre sa psychologie du bonheur. Il a la théorie du hamburger, le principe des lasagnes etc. Il propose des attitudes différentes,des axes de compréhension et des exercices simples pour être« mieux ». Dans son livre, l’apprentissage du bonheur, il reprend lestravaux de Martin Seligman et de Mihaly Csikszentmihalyi, en nous expliquant clairement comment utiliser ces recherches universitaires dans notre vie quotidienne.
Dans son livre, l’Apprentissage del’imperfection, il nous explique que la cause de notre malheur existentiel est d’être en quête d’une perfection de vie inatteignable. Il nous offre, alors une mine d’exercices simples et intelligents :
apprendre à être des parents« suffisamment bons »,
pratiquer la compassion pour soi, l
a chasse aux « oui mais »,
se donner la « permission d’être humain »,
appliquer la « règle d’or du juste milieu »… Des recettes pour être plus heureux et plus réaliste.

– « Les quatre accords toltèques » de Don MiguelRuiz, édition Jouvence
Né d’une mère curandera (guérisseuse) etd’un grand-père nagual (chaman toltèque), Don Miguel Ruiz fait des études de médecine et devient chirurgien. Sa vie bascule lors d’une expérience de mort imminente qui l’aurait inspiré à chercher des réponses aux questions de l’existence dans la tradition toltèque.
Son livre s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, dans de nombreuses langues.
Qu’apporte cet homme ?
Il apporte des principes de vie simple et positive, inspirés d’une culture amérindienne et de traditions orales ancestrales.
Ces principes sont au nombre de quatre, les quatre accords toltèques
Que votre parole soit impeccable.
Parlez avec intégrité,
ne dites que ce que vous pensez.
N’utilisez pas la parolecontre vous-même, ni pour médire d’autrui
Quoiqu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle.
Ce queles autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, deleur rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime desouffrances inutiles.
Nefaites pas de suppositions.
Ayez lecourage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs.
Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.
Faites toujours de votre mieux.
Votre »mieux » change d’instant en instant. Quelles que soient lescirconstances faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger,de vous culpabiliser et d’avoir des regrets.
Don MiguelRuiz a ajouté un cinquième accord Toltèque
Soyez sceptique, mais apprenez à écouter
Ne vouscroyez pas vous même, ni personne d’autre. Utilisez la force du doute pour remettre en question tout ce que vous entendez : est ce vraiment la vérité ? Ecoutez l’intention qui sous-tend les mots et vous comprendrez le véritable message.

Ces principes simples et inspirés d’une très ancienne tradition de la civilisation toltèque ont reçu un accueil extraordinaire dans le public. Des séminaires de développement personnel et des techniques de management ont repris ces principes.

En conclusion

La psychologie positive est un courant de la psychologie qui se nourrit de tous les apports des courants précédents, voire les dépasse en intégrant d’autres axes de recherches et de réflexion qui dépassent le champ de la psychologie. La philosophie, la spiritualité, les enseignements des peuples premiers, la méditation, les arts etc bref, tout ce qui peut contribuer à atteindre le bonheur est invité à rejoindre ce nouveau courant de la psychologie, dans une approche expérimentale et scientifique innovante.
Lepsychologue peut devenir créatif, innovant, ou tout simplement humain car il est partie prenante de cette quête du bonheur.

↑ Bibliographie :
Page d’accueil du Positive PsychologyCenter [archive]
↑ Page d’accueil du Positive PsychologyCenter [archive]
↑ Seligman, M. E.P., Steen, T. A., Park, N., & Peterson, C. (2005). Positivepsychology progress; Empirical validation of interventions. AmericanPsychologist, 60 (5), 410-421. (p. 413)
↑ Gable, S. L.& Haidt, J. (2005). What (and why) is positive psychology ? Review ofGeneral Psychology, 9 (2), 103-110 (p. 104).
↑ Jacques Lecomte(dir.) (2009). Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod.
↑ Jacques Lecomte(dir.) (2009). Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod.
JacquesLecomte (dir.) (2009). Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod.
JeanCottraux, La psychologie positive. Un nouveau modèle pour la psychothérapie etla prévention ? Siteafforthecc.org
Détailen français des vertus et des forces Article de Jean Heutte,octobre 2006
Bibliographie[modifier]
LagacheD., L’Unité de la psychologie , Quadrige Grands Textes, PUF, 7e édition, juin2004.
CottrauxJean (2007), La force avec soi. Pour une psychologie positive, Paris, ÉditionsOdile Jacob.
Mihaly Csikszentmihalyi(2004), Vivre – La psychologie du bonheur, Robert Laffont.
GaucherRenaud (2010). La psychologie positive ou l’étude scientifique du meilleur denous-mêmes, Paris, L’Harmattan.
LecomteJacques (dir.) (2009). Introduction à la psychologie positive, Paris, Dunod.
Béatrice Millêtre (2009), Prendre la viedu bon côté : pratiques du bien-être mental , Paris, Éditions Odile Jacob.
Peterson Christopher, SeligmanMartin,Character Strenghts and Virtues. A Hanbook and Classification (2004), NewYork, Oxford University Press.
Seligman Martin E. P. (2002), AuthenticHappiness, New York,Free Press.
Snyder C. R., Lopez S. J. (2002), Handbookof Positive Psychology, Oxford, Oxford UniversityPress.
Liensexternes[modifier]
Psychologiepositive.info, sitefrancophone sur la psychologie positive
Psychologie-positive.net, sitefrancophone sur la psychologie positive
AuthenticHappiness (Pensyvanie)
Positive Psychology Center

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